La minute du centre d'affaires : Étienne Rogeau - Neoka Services aux Projets
Témoignage d’un Entrepreneur Français de l’Étranger (EFE), Étienne Rogeau Fondateur et PDG chez NEOKA Services aux projets
Présentez-vous en quelques mots, quel est votre parcours ? Qu’est-ce qui vous amène à vous implanter en Amérique du Nord et à y créer votre entreprise ?
Bonjour, je suis Étienne Rogeau, ingénieur français et fondateur de NEOKA Services aux projets. Après trois premières années d’expérience à Paris, je suis arrivé au Québec en 2010. Embauché chez SNC-Lavalin en 2011, j’ai eu l’opportunité d’endosser des rôles stimulants et enrichissants aussi bien en ingénierie qu’en construction. Cette expérience m’a permis de connaître en profondeur les meilleures pratiques du génie-conseil québécois.
Mon immigration au Québec était avant tout une aventure personnelle, je voulais m’ouvrir à une nouvelle culture et de nouvelles perspectives. Je suis arrivé en 2010, j’ai eu différents permis de travail temporaires, obtenu la résidence permanente en 2014 et enfin la citoyenneté en 2019 ! Au fur et à mesure, j’ai fait beaucoup de rencontres, tissé des liens de confiance tout en faisant mes preuves sur des projets d’envergure. Cela a conforté ma volonté de poursuivre mon évolution professionnelle en Amérique du Nord. C’est ainsi qu’en 2017 j’ai fondé Neoka Services aux projets. J’étais arrivé au stade où je voulais vraiment prendre mon destin en main, sortir une nouvelle fois de ma zone de confort et acquérir des compétences entrepreneuriales. Je souhaite notamment démontrer que l’on peut bâtir une compagnie plus en phase avec son temps, avec des méthodes de gestion plus agiles et progressistes tout en maintenant un haut niveau de professionnalisme. Je crois au potentiel humain, celui qui nous pousse à grandir en repoussant nos limites et en cultivant ce qui fait notre talent. Savoir comprendre et canaliser au sein de la dynamique d’une équipe les qualités de chaque individu est un puissant levier de performance.
Pour quelles raisons avez-vous choisi d’être hébergé dans le centre d’affaires de la CCIFC pour vos bureaux ? Quels sont les avantages pour vous ? Qu’attendez-vous de la Chambre ?
Nous avons rejoint la CCIFC en tant que membre en 2020. Nous souhaitions nous donner plus de visibilité, avoir accès à de nouvelles opportunités d’affaires et établir des connexions avec des entreprises françaises. Le choix d’être hébergés à la CCIFC de Montréal a été facile étant donnés les multiples avantages : un cadre de travail agréable, un service compétent et la possibilité de développer un réseau intéressant, prestigieux et international. En effet, on me prévient souvent qu’un PDG, un diplomate ou bien un entrepreneur va se présenter devant ma porte et que je vais pouvoir présenter mes activités. Il s’agit là de remarquables opportunités de se faire connaître et de discuter d’éventuelles opportunités de croissance ! Nous bénéficions d’un rayonnement unique en étant hébergés ici.
La Chambre est une organisation dynamique qui génère beaucoup d’activités en tous genres. Cela remplit déjà beaucoup de nos attentes. Nous apprécions notamment l’attention dont nous bénéficions lorsque nous échangeons avec les membres de l’équipe. Ils sont toujours prêts à nous conseiller ou bien nous donner un coup de pouce lorsque nous en avons besoin !
En tant qu’EFE, à quels défis êtes-vous confronté ? Quelle est votre stratégie d’implantation en Amérique du Nord ? Quels sont vos enjeux ?
En m’étant établi au Québec sept ans avant de créer Neoka, j’ai eu le temps de m’intégrer, bien comprendre les enjeux de mon secteur et la culture associée ainsi que me constituer un réseau professionnel sur lequel m’appuyer pour développer ma compagnie. J’imagine que je fais face aux mêmes enjeux qu’un québécois se lançant en affaires ici. En tant qu’immigré, j’en profite pour saluer les valeurs de tolérance, d’ouverture et de bienveillance de la société canadienne.
Notre stratégie d’implantation en Amérique du Nord dans les cinq prochaines années combine le développement du Québec et de l’Ontario. Nous n’excluons pas d’aller chercher des missions sur la côte est américaine, notamment dans la région de New York.
Je pense que l’entrée en vigueur du CETA depuis 2017 change la donne sur certains aspects des relations commerciales entre l’UE et la Canada. Dans notre secteur de l’ingénierie-construction, l’ouverture des marchés publics a élargi l’horizon des opportunités et notamment l’accessibilité des projets d’infrastructure. À ce sujet, nous nous tenons disponibles pour conseiller et accompagner toute entreprise française de notre secteur désireuse de s’implanter ou se développer à Montréal.
Vous avez été nommé administrateur au sein du Conseil d’Administration de la CCIFC lors de l’Assemblée Générale, le 15 juin dernier. Quel accueil avez-vous reçu ? Quelle contribution souhaitez-vous apporter durant votre mandat ?
L’accueil au sein du Conseil d’Administration a été bon, j’ai ressenti une ambiance amicale bien que les séances à distance, dans un contexte de pandémie, rendent la création de liens plus difficile. J’ai hâte d’assister aux prochains CA en personne ! J’ai bien sûr pris le parti de l’entreprenariat et j’ai ainsi rejoint le pôle Entrepreneurs et PME que je co-dirige avec Yves Delnatte et Sébastien Trichet. Je participe de mon mieux aux initiatives organisées par ce comité.
Quel serait votre conseil pour les entrepreneurs français voulant s’établir au Canada ?
Ne sous-estimez pas la différence culturelle. Prenez soin de vous allier avec des acteurs locaux et de recruter/mobiliser des ressources locales. Ils vous donneront la compréhension et les rétroactions dont vous avez besoin pour vous faire une place ici. Essayez de prendre des gens qui ont une vraie affinité avec la culture française. À long terme, c’est probablement le meilleur moyen de mettre ces deux mondes en synergie.
Quelles sont les ambitions et projets futurs pour Neoka ?
Je me rends bien compte qu’il y a des axes majeurs de développement à faire mûrir et j’essaie de le transcrire en actions concrètes dans mon plan d’affaires 2022-2024.
Nous devons notamment amplifier nos méthodes de développement commercial, faire évoluer le marketing mix de nos services, acquérir une vraie capacité de recrutement, aller chercher de nouveaux partenariats stratégiques et continuer de fidéliser nos clients existants.
Les fondamentaux sont bons, il faut maintenant trouver le moyen de changer d’échelle.
Comme vous avez pu le constater (merci à ceux qui ont lu jusque-là!), je souhaite établir un lien fort au sein de mon entreprise entre la France et le Canada, et plus particulièrement le Québec. Nous allons bâtir notre développement en Amérique du Nord depuis Montréal. Pour ce qui est de la France, nous souhaitons capitaliser sur deux de nos forces pour faire la différence sur ce marché : la modélisation BIM ainsi que les services sur mesure d’AMO (assistance à maîtrise d’ouvrage). Notre bureau français étant basé à Lille, nous sommes bien sûr ouverts à discuter de toute opportunité de ce type dans les Hauts-de France, Paris ou la Belgique.
Ensuite… Je me prends à rêver. Pourquoi ne pas continuer dans notre logique d’internationalisation en se tournant ensuite vers les US, le UK, la Belgique ou la Suisse. Je cherche des investisseurs et associés prêts à vivre cette aventure pour faire rayonner notre firme d’ingénierie. Et je continue de relever chaque jour le défi de m’adapter aux différences culturelles !