Portugal
Le secteur industriel au Portugal

Contribuant à hauteur de 20 % du PIB et employant plus de 600 000 personnes, l'industrie portugaise reste un pilier essentiel de l'économie.
L'industrie est essentielle à la croissance économique de tout pays, et le Portugal ne fait pas exception à la règle. Contribuant à hauteur d'environ 20 % du PIB et employant plus de 600 000 personnes, l'industrie portugaise reste un pilier essentiel de l'économie.
Traditionnellement, la concentration des économies dans le secteur tertiaire est considérée comme un signe de développement. Cependant, le besoin croissant de produits manufacturés et la pénurie de main-d'œuvre et de matières premières due aux instabilités géopolitiques ont mis en évidence l'importance du secteur secondaire. Bruxelles a souligné que la prospérité économique européenne est étroitement liée à la croissance industrielle, principalement par le biais des exportations.
Au Portugal, bien que le secteur tertiaire domine, l'industrie a fait preuve de résilience et de capacité d'adaptation. La mondialisation a engendré des défis, mais elle a également favorisé la modernisation et l'innovation. Des secteurs tels que le textile et la chaussure se sont réinventés, se distinguant par la durabilité et la qualité de leurs produits.
Il faut néanmoins noter que la crise industrielle que l’Europe vit depuis quelques temps touche particulièrement le Portugal qui apparait comme l'un des pays les plus impactés. Au cours des cinq dernières années, la production industrielle du Portugal s'est contractée de 1,4 % par an, contre une baisse annuelle de 0,5 % dans la zone euro et une stagnation dans l'Union européenne.
En 2023, elle a diminué de 3,2 %, atteignant 115,7 milliards d'euros en termes de ventes de produits et de services industriels. Cette baisse est en partie due à la stabilisation des prix, le secteur de la fabrication de coke et de produits pétroliers raffinés ayant enregistré une diminution notable de 20,5 %.
Certaines industries ont affiché des performances positives
- Industries alimentaires : ont maintenu leur position dominante avec une croissance de 9,2 %, totalisant 17,4 milliards d'euros et représentant 15 % du total des ventes industrielles.
- Fabrication de véhicules automobiles : a progressé de 4,4 %, atteignant 11,2 milliards d'euros, soit 9,7 % du total des ventes.
En novembre 2024, la production industrielle a connu une baisse de 2,2 % par rapport à l'année précédente, après une hausse de 4,7 % en octobre. Cette diminution s'explique par des reculs dans plusieurs secteurs :
- Énergie : -10,1 %
- Biens d'investissement : -0,1 %
- Biens intermédiaires : -0,2 %
- Biens de consommation : -1,8 %
Attractivité du Portugal
Malgré ces défis, le Portugal se distingue par son attractivité pour les investissements industriels. Selon l'étude "Nearshoring Index 2024" de Savills, le pays est considéré comme la destination la plus attractive au monde pour les nouveaux investissements industriels (suivi de ça République Tchèque, Pologne, Suède et Japon formant le Top 5), renforçant sa position comme hub stratégique pour les entreprises qui recherchent à optimiser ses chaînes d’approvisionnement et déployer leurs opérations à l’échelle internationale.
Plusieurs facteurs contribuent à cette attractivité
- Indépendance énergétique accrue
- Stabilité politique
- Main-d'œuvre qualifiée
- Politiques environnementales, sociales et de gouvernance solides
- Position géographique stratégique permettant un accès rapide aux marchés européens et américains
Les conclusions de l'étude insistent sur le fait que le Portugal suscite un intérêt sans précédent pour l'implantation de nouvelles unités de production dans divers secteurs industriels. Cet intérêt se reflète particulièrement dans des domaines tels que les produits de grande consommation, les moules et les emballages, l'industrie automobile et l'énergie.
Le marché de l'investissement industriel et logistique au Portugal a connu une tendance à la hausse, attirant un nombre croissant d'investisseurs et d'acteurs mondiaux. D'importants flux de marché sont en cours, notamment des opérations potentielles estimées à près de 400 millions d'euros, concernant à la fois les marchés des capitaux et le secteur du développement. Ce dynamisme et le niveau élevé des investissements témoignent de l'attrait et du potentiel de croissance continue du secteur industriel au Portugal.
Le secteur des énergies renouvelables est particulièrement dynamique
En 2024, 71 % de la consommation électrique du pays provenait de sources renouvelables, faisant du Portugal le pays le plus décarbonisé du sud de l'Europe. Le gouvernement vise à créer un cluster d'éoliennes offshore dans l'Atlantique, avec un objectif de capacité totale d'environ 10 gigawatts. Quatre zones potentielles ont été identifiées pour ces parcs éoliens offshore, et la première enchère pour les licences est prévue cette année.
Certaines industries traditionnelles, comme la fabrication de chaussures, évoluent pour monter en gamme. La "vallée de la chaussure" portugaise, située entre Guimarães et Santa Maria da Feira, investit dans des équipements modernes pour attirer des marques de luxe et rester compétitive face à la concurrence asiatique. Des entreprises comme Aloft ont investi dans des machines avancées, soutenues par des fonds publics et européens, pour moderniser leur production.
En résumé, malgré une contraction récente de la production industrielle, le Portugal affiche des perspectives prometteuses grâce à son attractivité pour les investissements, son engagement envers les énergies renouvelables et la modernisation de ses industries traditionnelles.
Et c’est justement grâce à son accès à des énergies renouvelables abondantes et bon marché ainsi qu’à ses importantes réserves de lithium (les plus grandes de l’Union Européenne) que le Portugal possède une opportunité de transformer son économie en développant des capacités industrielles dans des domaines stratégiques en utilisant ses ressources naturelles. Le Portugal pourra ainsi rompre avec la tradition qui consiste à ne pas accompagner l'exploitation des ressources naturelles d'investissements industriels - les données de l'OCDE montrent qu'une ressource géologique portugaise génère près de 80 % de sa richesse à l'étranger, alors que la moyenne de l'UE est d'environ 30 %.
En effet, après avoir perdu la course à l'industrialisation au XIXe siècle au profit de régions ayant un meilleur accès aux combustibles fossiles, le Portugal a désormais accès aux ressources nécessaires pour produire les technologies de la nouvelle économie propre et numérique. Ces technologies comprennent les batteries, les semi-conducteurs, les véhicules électriques, les électrolyseurs, les énergies renouvelables et les pompes à chaleur. Ces produits sont de plus en plus présents dans nos sociétés et on estime que leur marché triplera d'ici 2035. Ces tendances sont déjà visibles au Portugal. En juin 2023, les données du gouvernement portugais indiquaient 9 milliards d'euros d'intentions d'investissement dans l'industrie des batteries, avec un potentiel de 7 000 emplois à la clef.
Les investissements au Portugal
Parlant d’investissements, le montant contracté en 2024 par l'AICEP - Agence pour l'investissement et le commerce extérieur du Portugal dépasse les 420 millions d'euros et permettra la création de 1 000 emplois directs dans divers domaines sur tout le pays, un grand nombre d'entre eux étant de nature industrielle avec des services et des technologies.
L'investissement actuellement contracté ne correspond qu'à une petite partie des quelque 3,5 milliards d'euros d'investissements captés par le Portugal en 2023.
Parmi les investissements contractualisés, on trouve les secteurs des semi-conducteurs, avec 150 millions d'euros, l'industrie automobile, avec 75 millions d'euros, axée sur les composants d'électrification des véhicules, et le secteur pharmaceutique, avec 50 millions d'euros, où plusieurs promoteurs de laboratoires nationaux et internationaux sont concernés et investiront au Portugal.
Les TI, l'industrie des plastiques purs et l'industrie du bois font également partie des secteurs qui bénéficieront de ces investissements.
Selon les données de l'AICEP, entre 2008 et 2021, des investissements d'un montant total de 11 milliards d'euros ont été contractés au Portugal, dont 2,6 milliards ont été enregistrés en 2021, année où un chiffre record a été atteint. En 2022, 12 millions d'investissements ont été contractés et, en 2023, 41 millions. Cet ensemble important d'investissements contractés, dans des secteurs stratégiques et avec une forte création d'emplois qualifiés, est la preuve de la confiance des investisseurs dans l'économie portugaise et d'un pari sur l'avenir.
Parmi les principaux
- AMKOR TECNOLOGY, d'un montant total de 150 millions d'euros, pour augmenter la capacité de l'usine de la société à Vila do Conde.
- WEST HORSE POWERTRAIN PORTUGAL, 47 millions d'euros, pour augmenter la capacité de production de l'usine de la société à Cacia.
- BOSCH CAR MULTIMEDIA, pour 26 millions d'euros, afin de développer des solutions technologiques et électroniques innovantes.
- VICAIMA - INDÙSTRIA DE MADEIRA E DERIVADOS, 28 millions d'euros, pour augmenter la capacité de l'usine située à Vale de Cambra.
- MEDINFAR, BIAL et GLINT, du secteur pharmaceutique et des technologies de l'information dans le domaine de la santé, avec des investissements d'un montant total de 47 millions d'euros.
Ces investissements contractuels s'ajoutent à d'autres initiatives déjà en cours, comme l'usine Stellantis à Mangualde, qui a commencé la production en série de véhicules électriques en octobre, après un investissement global de 119 millions d'euros. Bosch a également inauguré le Laboratoire de recherche et de développement de solutions durables de climatisation, avec un investissement de 35 millions d'euros, tandis que Lufthansa Tecnik a annoncé l'installation d'une usine de réparation de pièces et de composants de moteurs d'avion à Santa Maria da Feira, dans le district d'Aveiro.
En matière d'investissement direct à l'étranger (IDE), le chiffre s'élève à 13,2 milliards d'euros (11,1 milliards en 2023), selon les chiffres publiés le mois dernier par la Banque du Portugal (BdP), principalement en raison de l'investissement dans le capital d'entités portugaises. Les transactions d'IDE reflètent également une contribution significative de l'investissement immobilier, d'une valeur de 3,5 milliards d'euros.
Les transactions d’IDE du Portugal en 2024 ont totalisé 7,2 milliards d'euros (5,7 milliards d'euros en 2023). Du point de vue des contreparties immédiates, ce sont les pays européens qui ont le plus investi au Portugal durant cette période, en particulier l'Espagne (3,8 milliards d'euros), le Luxembourg (3,1 milliards d'euros) et les Pays-Bas (1,4 milliard d'euros).
Relations économiques bilatérales France / Portugal
La France est le 3ème partenaire commercial du Portugal, absorbant 9,3% des échanges de biens du pays en 2024, derrière l’Espagne (30,1%) et l’Allemagne (1,8%). La France conserve sa position de 3ème fournisseur du Portugal, représentant 7,2% du total des importations du pays. Elle perd toutefois un rang sur le podium des principales destinations de l’export portugais (12,2% du total), en raison d’une forte hausse des ventes de biens portugais vers l’Allemagne et alors que l’Espagne se maintient à la 1ère place. Le rééquilibrage de la relation commerciale franco - portugaise conduit par ailleurs la France à être dépassée par le Royaume-Uni dans le classement des rares pays avec lesquels le Portugal réalise un excédent (le 1er étant les États-Unis). D’un autre côté, le Portugal reste un partenaire commercial secondaire pour la France, se positionnant seulement comme son 15ème client et 16ème fournisseur.
En 2024, le déficit structurel de la balance des biens de la France vis-à-vis du Portugal se réduit pour la seconde année consécutive, atteignant les -157M€. Le rééquilibrage de la balance commerciale s’explique par une hausse de 7,5% des exportations françaises vers le Portugal (7,5Md€), portée par l’ensemble des secteurs (notamment aéronautique), alors que les importations françaises de produits portugais (7,6Md€) chutent de 6,2%. La France semble faire figure d’exception dans un contexte où les ventes de nos principaux concurrents européens vers le Portugal stagnent et où l’export de produits portugais vers les autres marchés européens augmente.
La composition des échanges commerciaux met en évidence l’importance de la filière automobile pour la relation bilatérale et est cohérente avec les points forts de nos économies respectives. Par ailleurs, le déficit structurel de la balance des services (-4Md€ de janvier à novembre), également en défaveur de la France, tend à plafonner en raison de l’essoufflement des dépenses des touristes français au Portugal, après le fort engouement post pandémique.
En 2024, la France renforce sa présence économique au Portugal dans tous les secteurs (aéronautique, énergie, automobile, grande distribution, hôtellerie, infrastructures), tandis que la transition numérique et énergétique française offre des opportunités aux entreprises portugaises.
A la fin du 3ème trimestre 2024, le stock d’IDE français au Portugal dépasse les 19,9Md€, marquant une hausse de 4,2% en glissement annuel et faisant de la France le 2ème investisseur étranger au Portugal (10% du stock d’IDE dans le pays).
En conclusion, le Portugal présente de nombreux atouts pour les entrepreneurs qui souhaitent investir dans le pays. Et malgré un ralentissement de son économie, le Portugal se classe cinquième parmi les pays de l’UE avec la plus forte croissance du PIB en 2024 (1,7%) et des prévisions de 2% pour 2025 et 2026.
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Contact
CCIF Portugal
Clementina FELIX
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